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23/01/2013

Donald Ray Pollock : Le Diable tout le temps

Pollock Livre.jpgDonald Ray Pollock, né en 1954 à Knockemstiff (Ohio) est un écrivain américain. Après avoir travaillé dans une usine de pâte à papier pendant 32 en tant qu'ouvrier et conducteur de camions, à 50 ans, il s'inscrit à des cours d'écriture créative à l'Université d'État de l'Ohio. En 2008 il publie son premier ouvrage, un recueil de nouvelles intitulé Knockemstiff. Son second bouquin, Le Diable, tout le temps, paraît en France en 2012.

Le roman s’étale entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et surtout les années soixante, de l’Ohio à la Virginie-Occidentale où un ramassis de personnages malfaisants vont voir leurs vies et leurs destins se croiser, en un ballet mortel et répugnant.

Willard Russel, rescapé de la guerre du Pacific, espère sauver de la maladie sa femme Charlotte, en entrainant sont jeune fils Arvin dans des prières au pied de croix aspergées de sang où il cloue des animaux. Roy Laferty le prédicateur halluciné, harangue les foules avec la complicité de Theodore le paralytique pédophile et musicien contre quelques dollars. Carl et Sandy, couple maudit, sillonnent le pays à la recherche d’autostoppeurs qu’ils massacrent et dont Carl garde des photos obscènes. Voici les principaux acteurs de ce roman épouvantable, mais j’aurais pu citer aussi Henry Dunlap, l’avocat véreux et efféminé ou bien le pasteur Preston Teagardin qui s’en prend sexuellement aux jeunes filles de sa paroisse. Mais que fait la police demanderez-vous ? Avec le shérif Bodecker à sa tête, n’espérez aucune aide.

Un roman noir comme l’enfer et rouge comme le sang. Aucune figure de ce bouquin n’est innocente, mêmes celles qui sont les « moins pires » commettent des actes répréhensibles et l’auteur ne lésine pas sur les châtiments qui scellent le sort de cette humanité crasse, on est assassiné à coup de tournevis, on s’égorge, on se pend atrocement…

A vrai dire, ce genre d’horreurs on en a déjà lues dans de fameux thrillers, mais là où Donald Ray Pollock se distingue avec talent, c’est qu’au-delà de ces scènes monstrueuses et de la perversité abominable de ses personnages, il arrive à nous faire lire son roman sans qu’on s’indigne plus que ce que la raison voudrait. On pense un peu à la Flannery O’Connor de Les braves gens ne courent pas les rues.

Oui, ils sont tous à enfermer dare-dare avec une camisole de force, oui, ils sont tous répugnants de bêtise cruelle, mais néanmoins on suit leurs parcours, fascinés par la démesure calme qui les guide par la volonté du magistral écrivain. Nous ne sommes pas vraiment effrayés par ces gens et c’est ce qui est le plus inquiétant, dans cette histoire !

Aucun ou presque n’échappera à la mort et même pour le survivant, les mains tachées de sang, rien ne dit qu’il n’est pas touché par cette malédiction qui semble peser sur l’univers créé par Donald Ray Pollock où le Diable règne en maître. Partout.

 

« Elle rentrait toujours à la maison avec une nouvelle idiotie qu’un ivrogne lui avait fait gober. La semaine dernière, elle avait parlé à quelqu’un qui avait participé à l’assassinat de Kennedy. Parfois, le fait qu’elle soit aussi crédule l’énervait un maximum, mais, enfin, il savait que c’était sans doute l’une des principales raisons pour lesquelles elle était restée avec lui tout ce temps. »

 

Pollock.jpgDonald Ray Pollock  Le Diable, tout le temps  Albin Michel

 

 

 

 

 

 

Sur France Inter, François Busnel reçoit Donald Ray Pollock :